Réduction des déchets

Festival Zero Waste

J’avais une place pour aller vendredi au festival Zero Waste (= Zero Déchet in French, ZD pour les z’intimes). J’étais aussi excitée qu’une teenager avant le concert de Justin (enfin, j’imagine…). Compoooooooost !!!!! Vraaaaaaaaac!!!! Je vous aiiiiiiiiiiime !

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En quelques mots, c’était dense, riche, bienveillant et bourré de gens remplis d’enthousiasme et d’énergie! Bref un grand kif d’espoir pour le futur. Bonne nouvelle à l’arrivée : le repas  (vegan) était compris dans le prix d’entrée. Là-bas, tout était cohérent… Les badges d’entrée étaient imprimés sur du papier déjà imprimé au verso, les boissons étaient disponibles en libre service, à prix libre (une coupelle était disposée à côté), bien sûr servis dans des ecocups, y’avait toute une tripotée de gens en T-shirt bleus, souriants et prêts à nous aider, le lieu (le Cabaret Sauvage et de l’espace en extérieur) était vraiment chouette … Les conditions étaient réunies pour passer une belle journée pour la planète (mais aussi pour se faire plaisir).

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Je n’ai pas été déçue : j’y ai pris plein de choses très diverses et je pense intéressant d’essayer de vous les retransmettre …

Dans l’ordre de la journée :

10h – Conférence »Ma rue commerçante idéale : la logistique urbaine au service du zéro jetable »  : A quoi peut ressembler un centre urbain débarrassé des emballages jetables ? 

Plutôt sympa d’imaginer l’idée de pouvoir faire toutes ses courses dans un petit centre ville et de pouvoir trouver pleins de petits commerçants qui te servent dans tes contenants sans lever les yeux au ciel, ou mieux, dans des emballages consignés…

Un exemple, Jean Bouteille, une société de la région lilloise/Belgique et qui vend des liquides dans des bouteilles consignées.

Ou l’idée de Do Huynh , de l’association Carton Plein, qui nous propose des déménagements à vélo : emploi de personnes en réinsertion, tout ça avec zéro pollution, c’est mettre de la poésie dans une corvée. Certes, pour déménager une maison de 150m² sur 300 km, ça risque d’être un peu dur, mais c’est une solution sympa pour de la ville et de la petite surface…

L’intervention d’Antoinette Guhl, » Adjointe au Maire chargée de l’Economie sociale et solidaire, de l’Innovation sociale et de l’Economie circulaire » (ouf!)  à la Mairie de Paris m’a marqué par les chiffres qu’elle a donné : 80% des déchets de Paris sont incinérés, 8% sont enfouis… donc seuls 12% sont triés et revalorisés… C’est tellement peu. Mais elle a promis que c’était une priorité de la ville de Paris et que les objectifs de réduction des déchets étaient très ambitieux (je n’ai plus le chiffre en tête).

11h – Place à l’action pour apprendre comment faire de la « Crème après-rasage pour homme »

Bon, je pensais que c’était de la crème à raser donc j’étais un peu déçue… Mais j’ai noté quelques points importants quand on veut faire des produits cosmétiques :

  • ne jamais toucher les produits avec ses doigts
  • il faut une balance de précision
  • 30 gouttes, ça fait à peu près 1g
  • Tout, tout, tout désinfecter à l’alcool à 70°c
  • ne pas faire chauffer le beurre de karité
  • et il faut s’attendre à rater un peu au début, parce que la recette n’est pas simple, simple…

Autre apprentissage, nous entrons dans le monde de la collaboration, de l’entraide… Une feuille a tourné parmi les participants pour donner son adresse mail pour qu’on nous envoie la recette… top!

11h45 – La vente en vrac : quel cadre réglementaire pour se développer ?

Conférence très intéressante avec la présidente de l’association professionnelle Réseau Vrac et une avocate.

L’objectif de cette conférence était de brosser un tableau des normes et réglementations existantes pour le secteur de l’épicerie en vrac (et dont la conclusion a été de dire, qu’en fait ils n’y en a pas!).

Mais on a aussi abordé le sujet de la réduction des emballages dans les commerces traditionnels (boucherie, poissonnerie, charcuterie, en particulier). Que celui qui n’a jamais entendu « je n’ai pas le droit d’utiliser votre contenant » me jette le premier tupp! En effet, les commerçants croulent sous les normes et directives et sont terrorisés à l’idée que l’on puisse être malade et qu’on se retourne contre eux. La réponse a été claire : Rien n’oblige un commerçant à vous servir dans ses propres contenants. Par contre, il lui faut vérifier que le contenant qu’on lui fournit soit propre. Dans le but de réduire les risques sanitaires, et d’éviter d’être reconnu responsable en cas de contentieux, il lui est conseillé de suivre une procédure standardisée et d’afficher certains éléments en magasin à l’adresse des consommateurs. L’association conseille donc aux épiciers d’afficher (et donc à nous aussi de transmettre ces informations à nos commerçants préférés) :

-qu’ils acceptent de servir les clients dans leurs contenants personnels
-que la clientèle doit préalablement et correctement laver ses contenants
-que la direction vérifie systématiquement la propreté des contenants, (et le fait effectivement)
-que la direction se réserve le droit de ne pas servir un client dont le contenant serait manifestement souillé

Par ailleurs, l’association milite (entre autre) pour créer un label (avec les règles de bonne conduite que cela implique) pour créer un réseau professionnel dans lequel on peut avoir toute confiance.

Nous étions entre 50 et 100 à participer… A la question « qui dans la salle a un projet d’ouverture d’épicerie vrac? », presque toutes les mains se sont levées. La présidente de Réseau Vrac nous a dit qu’une ouverture de magasin par semaine était prévu d’ici mi 2017! Génial !!!

 

Après toutes ces aventures, nous avions bien mérité oune pétite kèlkéchose à grignoter… le menu que nous avions sélectionné était servi par une armée de bénévoles. La queue pour y arriver était conviviale, on a facilement discuté avec les gens devant et derrière.

A la table où nous nous sommes assises, nous avons fait la connaissance d’une belge, bien plus avancée que nous dans la démarche (60L de déchets en 5 mois!) et avec qui nous avons eu une longue discussion. J’ai découvert que le fameux Tawashi, découvert il y a quelques semaines, est en général fait avec des chutes de tissus, de T-shirt tressés entre eux (note à moi-même : à tester de toute urgence).

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14h – Retour à la pratique : « Machine à laver : diagnostic et réparations courantes »

Pressostat, courroie, moteur, roulements, durites… Le lave linge n’a plus de secrets pour moi (ou presque). Bon, on verra bien le jour où j’aurais un souci de lave linge ce qu’il en restera !

J’en ressors quand même au moins une chose intéressante. L’atelier était animé par le réseau envie (dont l’ADN est la rénovation d’appareils électroménagers par des personnes éloignées de l’emploi et la revente de ces équipements à bas prix). Je leur ai demandé si l’on pouvait y apporter un appareil à réparer et ils m’ont répondu oui. NB : Il y a un centre à Trappes, donc à deux pas de chez moi!

 

En me déplaçant d’un endroit à un autre, j’ai capté en passant le nom d’une application qui me semblait intéressante : Optimiam en me promettant de regarder de quoi il s’agit à tête reposée. Je vous suggère d’aller voir ce qu’ils font, l’idée est intéressante : grâce à une appli, les commerçants pourront faire des promos pour gérer leurs invendus.

14h45 – Lancement de l’Appel à projets Zéro déchet de We Do Good

La société de crowdfunding « We Do Good » a lancé un grand appel à projets ZD. Des détails ici. Les frais de participation à ce challenge (50 Euros) serviront de prime au lauréat du challenge et seront transformés en royalties pour que chacun soit gagnant au final ! Plus on est nombreux, plus ça marche… Encore une idée intéressante.

15h – Atelier Pratique : « Lave vaisselle : Diagnostic et réparations courantes »

Moi qui me bat régulièrement contre des problèmes de vidange sur ma machine vieille de 14ans, j’étais particulièrement intéressée par le sujet.

Finalement, c’est très simple un lave vaisselle. Y’a pas grand chose comme éléments.. et facile à démonter… enfin, ça, c’était la théorie. Arrivée à la maison, je me suis précipitée sur la bête et j’ai commencé à défaire toutes les vis, pour me rendre compte que ça n’était pas du tout aussi facile que le monsieur nous l’avait montré. Alors, j’ai essayé, du mieux que je pouvais mais je n’ai au final pas pris le risque de défaire le tuyau de vidange… le risque de ne pas pouvoir le remettre était trop important ! Quelle frustration, les amis, vous n’imaginez pas !

Bon, j’ai appris quand même quelques trucs basiques:

  • Le sel permet d’adoucir l’eau du lave vaisselle (ça vous le saviez déjà), car le bac à sel est couplé avec un bac avec de la résine qui attrape tout le méchant calcaire avec ses petits bras musclés. Il faut bien régler le curseur au niveau de dureté de l’eau de chez vous, et il ne faut pas trop remplir le bac à sel. Pas plus d’1 kg à la fois, sinon l’eau ne peut pas circuler entre sel et résine.
  • Les verres ne sont pas nickel? Goûtez vos verres ! Ils sont salés? peut être une fuite au niveau du joint du bac. Ils ont goût de lessive? Peut être mettez-vous trop de lessive.
  • si vous mettez du liquide de rinçage, pensez bien à fermer les deux compartiments, même si vous mettez la lessive directement dans la machine, sinon le liquide de rinçage est envoyé à froid en début de cycle -et ne sert à rien!
  • un petit lavage à vide, à la température la plus haute de temps en temps aide à nettoyer les canalisations (et en particulier en retour de vacances pour tuer toutes les petites bêtes qui se sont multipliées pendant votre absence – le maitre n’est pas là, les bactéries dansent)

16h – Un petit tour au jardin cette fois : « Techniques lasagnes : jardiner avec ses biodéchets »

Vous connaissez peut être cette technique (magique) de permaculture qui consiste à superposer des couches de matériaux différents, avec une alternance humide et sec, tout en arrosant très copieusement chaque étage. On recouvre l’ensemble d’une belle couche de compost mûr (10 cm). Si la lasagne est bien faite, on n’a plus besoin de l’arroser pendant 2 à 3 mois !

Je ne vais pas trop m’appesantir sur la technique pour laquelle vous trouverez plein d’infos sur le net. J’ai juste noté les points suivants :

  • ne pas y mettre de semis (c’est trop riche pour les graines!)
  • pas de légumes racines (pas assez profond, mon fils)
  • pas de plantes qui nécessitent une terre pauvre
  • donc y planter des plantes déjà bien sorties (tomates, courges, rhubarbes, etc…)
  • et il faut faire du plus grossier au plus fin (des branchages tout en bas, jusqu’à de la tonte de gazon en haut) . Dans la démo, l’animateur a superposé (du bas vers le haut: du carton, taille de haie, Tonte de gazon/ fougères, Feuilles/Brindilles, Déchets de cuisine (qui ont bien mûri dans un sac plastique, vous savez, quand c’est tout dégoulinant), Compost pas encore mûr, Tonte, Compost mûr)

L’animateur était aussi là pour promouvoir son Appli : « Compost Challenge« , une appli qui est censée nous aider à faire notre compost (pas testée encore…).

16h30 – Les méthodes de l’intelligence collective au service du Zero Waste

Pour fonctionner à l’échelle d’un territoire, la démarche zéro déchet doit être participative, mobilisatrice et transparente. Les méthodes d’intelligence collective peuvent alors être un outil au service des acteurs de terrain.

J’ai assisté à une session pour traiter le sujet suivant « Identifier et mobiliser des « ambassadeurs » de la démarche : Comment impliquer différents acteurs autour de l’objectif zéro déchet ? »

Nous avons expérimenté la technique des 6 chapeaux.  Le groupe endosse successivement des chapeaux (virtuels) de différentes couleurs pour aborder la problématique sous différents points de vue. Chapeau blanc ; nous abordons les faits et simplement les faits. Chapeau noir : nous nous faisons l’avocat du diable : pourquoi cela ne va-t’il pas marcher? Chapeau jaune : c’est la recherche des avantages . Chapeau vert : nous faisons appel à la créativité : Quelles idées novatrices pouvons nous trouver? Chapeau rouge : quel est notre ressenti à ce moment (j’ai peur, je suis confiant, j’ai envie, etc…)? Chapeau bleu ; c’est la synthèse : et s’il n’y avait qu’une seule chose à ressortir de tout cela… Et surtout, concrètement, qu’est-ce que je fais demain?

« Ce système crée un climat de discussion cordial et créatif et facilite la contribution de chacun. Cela permet à tous d’être sur la même longueur d’onde en même temps et les idées des uns provoquent les idées des autres. » (Wikipedia)

Et nous avons effectivement vécu un échange fort et créatif où l’ensemble des participants s’est impliqué. Il flottait dans l’air une grande énergie de vouloir changer les choses, et tout cela avec beaucoup de bienveillance.

Et enfin, cerise bio sur le gâteau vegan, j’ai distribué plusieurs cartes de visite « Ecokado » (oui,  je sais, c’est pas ZD, la carte de visite). Et toutes les personnes à qui j’en ai parlé m’ont dit que c’était une super idée.

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Et voilà, cette journée en terrain connu s’est achevée. Nous avons eu comme le sentiment de visiter un pays étranger pendant toute une journée et de revenir en France en passant le portail d’entrée. Et je dois avouer que l’atterrissage a été un peu rude. Les abords de la gare Montparnasse étaient ignobles de déchets 😦

Bravo et merci d’avoir tenu jusqu’à la fin de cet article. N’hésitez pas à commenter, je suis toujours très heureuse de voir ce qui vous touche!

Une réflexion au sujet de « Festival Zero Waste »

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